CPM Advertising Network

Hausse du prix de l’électricité : le consumériste Imam Youssoupha Sarr et Souleymane Souaré réagissent

consommateurs. Une semaine de polémiques lors de laquelle des arguments et contre-arguments sont avancés sur cette mesure qui va sans doute peser sur les charges des pères de famille et autres usagers. Appréciant diversement la nouvelle, la Senelec et les associations des consommateurs jugent nécessaires d’afficher leurs positions à l’endroit des usagers.

Joints par SeneNews, le président du Bureau exécutif de la Fédération sénégalaise des consommateurs, imam Youssoupha Sarr, et Souleymane Souaré, secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’électricité (satel) ont exprimé leurs positions par rapport à la nouvelle de la hausse. Portant la parole des consommateurs, Imam Sarr dira d’entrée de jeu sa surprise par rapport à une telle décision. Selon lui, la hausse est une mauvaise surprise d’autant plus que « aucun signe ne présageait une hausse du prix de l’électricité par la Senelec » au moment où les consommateurs s’attendaient à un cadeau de fin d’année.

La conséquence d’une telle mesure sera lourdement sentie par les consommateurs dont la plupart peinent à joindre les deux bouts. Mais du côté de la Senelec, on confesse que n’eussent-été les efforts de la boîte, la hausse serait intervenue depuis longtemps.
Toutefois, l’imam Sarr, quoiqu’étant conscient de l’impact sur les charges de l’usager, tient à préciser qu’il n’y a aucun problème entre la Senelec et les consommateurs dont ils défendent la cause. Il reconnaît d’ailleurs les difficultés où se trouve la Senelec et peut comprendre ses raisons. Mais pour Souaré, « les arguments donnés par l’Etat sont plus que pertinents dans la mesure où le système de tarification est normé ». Il s’agit d’un système qui « a été mis en place pour sécuriser la fourniture de l’électricité et éviter qu’il ne soit défaillant du fait de certaines fluctuations qu’on ne peut pas maîtriser, mais éviter aussi que la Sénélec ne soit tentée d’augmenter quand ses charges d’exploitation lui imposent cela ».

Les arguments qui ont convaincu la Crse

A en croire le Secrétaire exécutif de la fédération des associations des consommateurs du Sénégal, cette hausse intervient parce que « la Senelec fait une requête au niveau de la commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse) pour augmenter ses revenus, faire face à la lourdeur de ses investissements, à l’augmentation du prix du baril et pour la réhabilitation de son réseau qui est somme toute obsolète ». C’est cette réclamation que la Senelec a faite auprès du régulateur et obtenu son aval.

« Le rôle de la Crse », dira M. Souaré, « c’est de surveiller le contrat de performance que la Senelec a signée avec l’Etat du Sénégal. Ce contrat de performance exige à la Senelec non seulement de ne pas facturer n’importe comment mais aussi lui fixe un certain nombre d’indicateurs de performances en termes de qualité, de prestation (qualité de service à la clientèle, qualité de service de fourniture de l’énergie) ». Il apparaît ainsi clair que pour le respect dudit contrat de performance, la Senelec doit disposer de suffisamment de ressources financières. « Ce contrat de performance a un coût », assène-t-il. Et c’est pour cela que la Crse a donné mandat à la Senelec d’appliquer une hausse de 10%.

La fluctuation du baril légitime la requête de la Sénélec

Pour justifier la hausse, M. Souaré convoque la hausse du prix du baril. Selon lui, « le fuel représente 70% du chiffre d’affaires de la Senelec. Alors quand il y a une fluctuation, le baril augmente, le dollar augmente, les charges aussi augmentent. A partir de ce moment, la Senelec présente son bilan de fonctionnement à la Crse pour lui montrer le manque à gagner. C’est en ce moment qu’on décide qui va supporter ce manque à gagner : l’Etat ou les clients ».

Sur la question du pourcentage annoncé, le syndicaliste précise que, même si c’est 10% qui seront augmenté, le manque à gagner s’élève à 26%. C’est pourquoi il soutient fermement que L’Etat a supporté une bonne partie de ce qu’il aurait laissé à la charge du client. « Si on avait appliqué le manque à gagner intégralement, si on les faisait supporter aux clients intégralement, c’est à une hausse de 26% qu’on allait assister au lieu de 10% ».

Les propositions pour amoindrir la charge des usagers

Conscient de la légitimité de la réclamation de la Senelec, le président de la Fédération des Associations des consommateurs propose à l’Etat d’accompagner les consommateurs. « A défaut d’annuler la hausse, l’Etat pourrait couper la poire en deux en payant les 5 des 10% de hausse que devraient les consommateurs ». Sauf que cette proposition ne trouve pas l’agrément du SG du Satel qui pense que ce serait injuste que ceux qui n’ont pas consommé paient à la place de ceux qui ont usé de l’électricité. « En milieu rural, ce sont 58% des Sénégalais qui n’ont pas encore accès à l’électricité et quand on fait supporter la compensation tarifaire à l’Etat, ces gens qui participent à l’effort et c’est ça qui est injuste ».

Il faut donc faire recours à d’autres procédés qui n’auront rien à voir avec la subvention ou la compensation. Sur ce registre, Imam Sarr pense qu’il faut « trouver d’autres ressources pour soulager la Senelec, appliquer la loi qui instaure 0,7% sur le kilowatt, en même temps que le pacte de solidarité qui n’a jamais été appliqué ». Pendant ce temps, M. Souaré propose la mise en place effective du « fonds de sécurisation de l’énergie (Fse) » qui devra permettre de « capter la compensation tarifaire de l’Etat » et être un « fonds de péréquation ».

Il sera surtout question de ne plus baisser les tarifs selon que le prix du baril a augmenté ou baissé parce que les charges d’exploitation de la Senelec sont à tenir en compte dans la tarification. Pour lui, ce fonds de sécurisation de l’énergie permettrait à la boîte de mieux gérer les situations de hausse du baril sans augmenter la tarification. L’autre source de soulagement c’est la disponibilité prochaine du gaz qui selon le syndicaliste « va faire baisser les coûts si la Senelec l’utilise pour son exploitation ».

Amalgame concernant le TER et le tarif préférentiel du personnel de la SENELEC
Sur la subvention de la facture des agents de la Sénélec, le syndicaliste parle de faux arguments. « Le tarif préférentiel est une règle universelle appliquée dans tous les services, pas seulement à Sénélec. Il faut que les gens arrêtent de fragiliser le système car la seule fierté du personnel et sa seule satisfaction c’est d’avoir un tarif qui montre leur appartenance à la boîte ». Mieux, « les charges du personnel travaillant dans le secteur de l’électricité dans des pays de la sous-région tournent autour de 15 et 20% alors qu’au Sénégal, on est entre 8 et 9% ».

Pour ce qui est des factures salées, il l’explique par la période de chaleur qui entraîne une hausse de la consommation. Aucune hausse n’a été appliquée puisque le tarif est resté le même depuis 2017. C’est pourquoi, M. Souaré soutient que les gens font de l’amalgame pour juste se défouler sur la Senelec. Heureusement pour les consommateurs qu’il y aura bientôt des compteurs intelligents qui permettront l’avènement du télé-relevé : « cela permettra de consacrer plus de temps aux consommateurs, de leur donner des conseils par rapport aux bonnes pratiques afin d’utiliser l’électricité à bon escient ».

L’autre amalgame concerne la question du Train Express régional (Ter) par rapport à sa capacité de consommation. Là aussi, il convient de préciser que les hypothèses et autres craintes n’ont pas leurs raisons d’être. M. Souaré précise que « la Senelec fonctionne sur la base d’un plan de production qui implique une politique d’équilibre entre l’offre et la demande ». Connaissant la capacité la capacité de consommation du Ter qui, au demeurant, ne fonctionne pas seulement à l’électricité (elle marche aussi au diésel), la Senelec n’aura pas beaucoup de difficultés de lui fournir ce dont il aura besoin, dans la limite de ses moyens.

Pour finir, le syndicaliste demande à ceux qui s’érigent en défenseurs des consommateurs de dire la vérité au peuple et d’arrêter de raconter des choses qu’il ne maîtrise pas. « C’est du populisme et c’est une contre-vérité de dire que la masse salariale de la Senelec est de 60 milliards CFA alors que le chiffre d’affaire annuelle de la boîte est de 393 milliards CFA ».

Par Ababacar Gaye/SeneNews
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 
 

 

Â